Antoine Demor : "Le public Machinois a autant de second degré que le reste de la France !"

Prix du Public du festival La Machine à Rire 2013, Antoine Demor revient à La Machine le 10 mai 2014 pour une soirée exceptionnelle à 20h à l'Hôtel des Mineurs. L'occasion d'en savoir un peu plus sur ce jeune talent qui excelle dans l'humour cynique et corrosif. Rencontre...

Bonjour Antoine, peux-tu nous faire une rapide présentation de ton parcours ?
J'ai commencé à rire assez jeune car on est une famille nombreuse de 6 frères et ça vannait beaucoup à la maison. Par contre j'ai débuté l'humour sur le tard, en parallèle de mes études. Je suis titulaire d'une licence de droit science politique et d'une maîtrise de droit public. Depuis quelques mois, je me dédis exclusivement à mes activités artistiques.

Comment t'es venue l'envie de monter sur scène ?
Il y avait une audition pour un festival qui se montait près de chez mes parents, j'ai voulu tenter ma chance par curiosité en écrivant un texte pour l'occasion. Cela m'a mis le pied à l'étrier et par la suite, j'ai profité des scènes ouvertes lyonnaises pour faire mes premières expériences.

Malgré ton jeune âge, tu pratiques un humour corrosif et cynique d'une grande maturité. Pourquoi avoir choisi ce positionnement ?
Je n'ai pas choisi de faire de l'humour cynique pour faire de l'humour cynique, ce n'est pas un but en soi. Cependant, très vite je me suis aperçu que je n'avais pas envie de me brider dans les thèmes abordés. De toute façon je pense qu'un texte reflète l'état d'esprit de son auteur, donc si mon spectacle a une dimension cynique, c'est que je porte moi-même ce regard désabusé et acide sur le monde qui m'entoure, sur mes propres actes même.

As-tu des références ou des modèles dans le monde de l'humour ?
J'essaie surtout de cultiver ma différence, de ne pas me laisser influencer par des modèles humoristiques. Quand on est un jeune talent, on est déjà trop souvent comparé aux stars du milieu. Pour autant c'est vrai que j'ai une certaine admiration pour un mec comme Manu Pratt pour la qualité de sa plume, son jeu incroyable et sa droiture. J'aime aussi beaucoup le travail de Proust, Chraz, Alévèque, Cédric Chartier, Schoumsky... et j'ai surtout hâte de découvrir le nouveau spectacle de Guillaume Meurice

J'ai récemment parcouru un article dans lequel on qualifiait ton humour « de droite »... Penses-tu également pratiquer un humour « de droite » à l'instar de Gaspard Proust ou trouves-tu ce raccourci un peu rapide ?
Quand c'est un gouvernement de gauche que l'on égratigne, on peut vite passer pour un humoriste de droite, et vice versa ! Pour mon spectacle, je ne souhaite pas en faire un acte partisan. D'ailleurs je ne pense pas qu'il soit aussi marqué politiquement que l'affirme le journaliste de l'époque. Je me laisse la liberté de dire ce que je souhaite sur la politique en général, sur ce monde en vase clos à tendance oligarchique, ses dysfonctionnements ; ses sophismes...

Des humoristes tels que Guillaume Meurice ou encore Pierre-Emmanuel Barré chroniquent régulièrement sur les antennes de France Inter ou Canal +. C'est un exercice qui pourrait également te convenir ?
Biensûr. C'est un travail que j'aimerais vraiment faire, notamment en radio car c'est un support que j'affectionne. Mais c'est une activité exigeante qui demande un rythme et une qualité d'écriture, une voix placée et une diction parfaite. On verra ce que l'avenir me réserve.

On a vu très récemment Anne Roumanoff se justifier après avoir utilisée un accent approximatif pour imiter Christine Taubira ou bien encore Olivier De Benoist s'excuser après une blague faisant référence à l'affaire Merah. Quel est ton avis sur ces polémiques à répétition et plus globalement sur la liberté d'expression des humoristes aujourd'hui ?
Toutes ces polémiques, je n'y prête pas beaucoup attention. Par contre je pense que l'on est en train d'introduire un principe de précaution qui fait qu'un auteur se demande d'abord si son texte est blâmable ou politiquement correct. C'est vrai que depuis l'affaire Valls/Dieudonné l'humour est devenu un sujet encore plus sensible, il y a une crispation, du repli identitaire et je ne suis pas sûr que cela aille en s'améliorant...

Revenons à ton spectacle... Après avoir remporté le Prix du Public lors du festival La Machine à Rire en 2013 tu reviens samedi à La Machine jouer ton spectacle en entier. Quels thèmes vas-tu aborder ?
Ce sont de constantes digressions allant de la politique à la consommation, les banques, le sport, la religion... Mon personnage dresse une sorte d'état des lieux.

Penses-tu que ton humour assez noir et cynique sera bien accueilli par le public Machinois ?
Il n'y a pas de raison, le public Machinois a autant de second degré que le reste de la France ! On retient souvent le cynisme chez mon personnage, mais voir le spectacle en entier permet de découvrir les autres aspects de sa personnalité, ses failles, sa sincérité et sa gentillesse. Ce dont je suis sûr, c'est que chacun(e) peut s'identifier en lui à un moment du spectacle, ce qui crée une vraie connivence.

Quel sera ton programme après ton passage à La Machine ?
Il me reste pas mal de travail d'écriture, de tests à mener et je réfléchis encore à l'évolution de mon personnage. Je vais effectuer quelques dates vers Aix en Provence, Valence, Lyon..., puis je serai du 4 au 27 juillet au festival d'Avignon, tous les jours à 21 heures à la Tâche d'Encre.

Que peut-on te souhaiter pour l'avenir ?
Je souhaite continuer à prendre du plaisir dans ce que je fais, être créatif, progresser. J'espère également qu'Avignon sera un tremplin, qu'il m'apportera des retours constructifs, des contacts et des opportunités de jeu.

 
Toute l'actu d'Antoine sur son site Internet : http://antoinedemor.doomby.com/